24.9.15



Passer un CAP boulangerie !


Aujourd’hui j’ai passé un CAP Boulangerie. Je ne sais pas si ça me servira dans la vie, ça a néanmoins le mérite d’être original. Surtout après avoir fais 6 ans d’études. C’est vrai ça, être médecin ou avocat ça en jette peut-être mais qu’est ce que c’est ennuyeux...

Les examens, c’est typiquement le genre de journée où rien ne se passe comme prévu. Pendant plusieurs mois j’ai été la reine des croissants, mais ce jour là, la vie (cette petite farceuse) en a décidé autrement. J’ai fais....... les croissants...... les plus IMMONDES de la terre. Je veux dire, un boulanger me vend ça, clairement je lui jette au visage. Ils se sont déroulés, déchirés, craqués, déformés. Une foire aux monstres. Hey les gars, halloween c’est pas aujourd’hui ! Sans compter qu’il y en avait des cuits et des jaunes pâles. Très bien. Les disparités aussi dans la couleur, c’est tout ce qui leur manquait.

Passons.

C’est tellement stressant un exam, même quand on est d’une nature impassible comme moi. On veut tellement bien faire, et puis on se sent jugé comme si justement ce qu’on faisait n’était pas assez bien. Un petit mec chauve à lunettes (ou un autre d’ailleurs) passe près de moi, saisi un morceau de ma pâte à croissant, fait une moue, pose sa main sur ma pâte à pain de campagne, regardes vers le ciel d’un air interrogateur, puis note quelque chose sur sa feuille mystérieuse. Génial. De quoi me donner pleine confiance en ce que je suis en train de faire ! Ha et puis il y a aussi le gros monsieur (ou un autre d’ailleurs) qui t’interroge à l’oral, et toi comme une abrutie tu réponds vite, du tac au tac, pensant te faire bien voir. Sauf que tu n’as pas pensé que cette personne en face de toi fait peut-être un complexe d’infériorité ou qu’elle veut peut-être simplement se la péter. Alors au lieu d’entendre « très bien mademoiselle » ce gentil monsieur te pose des questions farfelues en mode « et ça tu le sais peut-être ?!! » et attend de toi que tu lui décrive la biographie de la lécithine de soja, sujet que bien sûr, tu n’as pas franchement abordé pendant ta formation et dont tu essayes d’inventer quelques caractéristiques en balbutiant. C’est à ce moment là que des étoiles dans les yeux bouffis du monsieur s’allument, quand il est fier et satisfait de t’étaler au visage quelque chose que tu ne savais pas. A ce compte là, il aurait tout aussi bien pu m’interroger sur la démographie du Paraguay, on aurait gagné du temps.

Passons.

Ensuite il y a la queue pour mettre les pains au four. Oui parce qu’en temps normal, même à 12 pour un four, je n’ai jamais vraiment eu à attendre pour enfourner. Mais aujourd’hui - évidemment- on est 4 (sur 5) à vouloir le faire en même temps. Il faut savoir aussi que cette simple attente un peu trop longue peu te foutre en l’air tout ton travail. Et à ce moment là, tu as l’impression, justifiée ou non, que les gens mettent des plombes à faire le moindre geste... Comme s'ils avaient fait un pari secret pour savoir qui mettrait le plus de temps à mettre ses baguettes au four. J’avais l’impression qu’on avait cliqué sur le bouton ‘ralenti’ et impossible de trouver l’avance rapide. Rien à faire, il faut laisser la pression intérieure monter pendant que certains campent devant le four.

Passons.

Quand finalement j’ai réussi à mettre au four, j’ai réalisé que j’avais laissé mes ficelles de brioche fondre sur mon plan de travail. Faire des tresses avec des asticots collants et poisseux, je te raconte pas le massacre. Le tressage de brioche ou un autre de mes talents cachés qui n’a pas réussi à éclater au grand jour. Triste vie. Du coup les tresses gluantes ça prend vachement de temps... assez de temps pour que tes pains commencent à cramer. Alors là tu cours au four mais il est occupé par un autre campeur qui n’a pas l’air de réaliser la détresse dans laquelle tu te trouves. Quand ENFIN il te laisse le champ libre pour sortir tes pains avec la grande pelle, tu es tellement à bout que le graaaand manche de cette graaaande pelle butte sur le pichet d’œuf dont tu te servais pour dorer ta brioche, l’œuf se répand partout... Tu es tellement vénère que tu poses la pelle pour aller nettoyer tes dégâts sauf que manque de pot, la pelle tombe sur un bac de farine posé près du four, tu as repeins le sol en blanc... Par chance, aucun examinateur n’est présent pour entendre la mitraillette de jurons qui se déverse de ta bouche. A ce moment là, tu te demandes ce que diable tu es venue foutre sur terre.

Au final, tu as perdu :
- ton sang-froid
- du temps
- de l’énergie
- ton peu de confiance en toi
- des litres de  sueur
- ta dignité

mais tu t’en fiches... car c’est fini.

Bref, je suis boulangère.

 

 
Bisous ♥

 

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